Dans la nuit, un jeune garçon court sous la pluie supplier le docteur de venir en aide à sa mère, inconsciente. Le docteur est impuissant : cette femme a subi un choc. Même éveillée, elle reconnaît à peine son fils. Celui-ci doit subvenir à leurs besoins, travailler, veiller sur elle...
Devenu adulte, Ajay Sharma (Shah Ruck Khan) est toujours très attentionné avec sa mère. Il fréquente une charmante jeune fille, Seema Chopra (Shilpa Shetty) à l'insu de tous, car il n'a pas encore de situation. Le père de la jeune fille ayant décidé de la marier, Ajay et Seema décident de se marier en cachette.
Ils attendent tendrement l'ouverture du bureau de mariage en haut du building...
et Ajay jette Seema dans le vide.
Devenu Vicky Malhotra, il poursuit sa vengeance envers l'homme qui a ruiné sa famille et provoqué la déchéance de sa mère : Madan Chopra (Dilip Tahil)
Charmant, prévenant, discret, Vicky séduit l'autre fille de Madan Chopra, Priya (Kajol) et gagne la confiance du père.


Priya, certes amoureuse de son Baazigar, ne croit pas au suicide de sa sœur et cherche activement le coupable. Les témoins potentiels disparaissent les uns après les autres, de la main d'Ajay-Vicky qui perd alors son expression angélique pour se transformer en tueur d'une brutalité et d'un sang-froid inouïs.
Ajay-Vicky touche à son but lorsque Madan Chopra lui confie les pleins pouvoirs dans son entreprise. C'est alors que Seema et Ajay-Vicky croisent le chemin du véritable Vicky Malhotra dont Ajay a emprunté l'identité...
Toute la première partie du film conforte dans l'idée qu'il s'agit d'un film "classique", avec un charmant héros, en butte aux habituelles discriminations sociales. Et brutalement, on tombe dans le vide en même temps que Seema.
Contrairement à ce que la chanson Baazigar o Baazigar nous a fait croire, avec son costume de Zorro, le héros n'est pas une victime innocente rétablissant la justice... Il aurait pu se contenter de ruiner son ennemi, il tue.
Baazigar signifie "magicien" : il fait disparaître le gentil garçon qu'il aurait pu être et se transforme en tueur psychopathe, d'une beauté soudainement inquiétante (celle des âmes damnées, des anges trop tôt tombés...), avec un regard vert, trouble, magnétique.
Ce film a constitué un véritable tremplin pour la carrière de Shah Ruck Khan en 1993, alors que ce rôle sombre avait été refusé par deux autres acteurs et qu'il aurait pu le bloquer dans les rôles de méchants ou de fous après Darr. Mais Shah Ruck Khan exprime parfaitement la double personnalité du héros, prouvant déjà tout le talent qu'on lui connaît depuis. Il a gagné le premier de ses Filmfare Best Actor Awards avec Baazigar.
Shilpa Shetty est charmante mais manque de présence, surtout face à Kajol dont Baazigar était le deuxième film et qui montre déjà une grande maturité et beaucoup de présence à l'écran.
L'ensemble du film est construit sur la dualité de son personnage principal et met délibérément en valeur son côté sombre. On dirait que l'image a été retravaillée pour faire ressortir les rouges et les bruns, couleurs de sang. La bande sonore est double : les chansons d'Anu Malik et leurs chorégraphies sont romantiques, gaies, contrastant avec de nombreuses scènes sonorisées de façon brutale, sinistre. Les dernières scènes sont à la limite du soutenable, elles semblent interminables, filmées avec le parti-pris de ne pas suggérer mais de montrer la souffrance, des dialogues en larmes aux gros plans sanglants.
Mais Baazigar est un "Blockbuster", un film culte pour certains, un film novateur à voir et revoir.
Côté musique et danse, si l'on écoute le disque, si l'on ne regarde du film que les scènes dansées, on n'a aucune idée du vrai thème de Baazigar, seules les apparences (romance, opulence) sont chorégraphiées, de façon agréable et sans surprise. Mention spéciale à Chupana Bhi nahin aata qui pour une fois met en scène le chanteur : Vinod Rathod.
Baazigar a été réalisé en 1993 par Abbas-Mustan .